jeudi 24 janvier 2019

Festival Black Movie 2019 - Critique du film Poisonous Roses, d'Ahmed Fawzi Saleh.
Par Rose Fayet

Au centre de la famille: une soeur


Une rue inondée d'eau, de pétrole, de terre, de teinture, de boue, de déchets et d'animaux. C'est dans ce décors que prend place l'histoire fraternel de Saqr et Tahya dans Poisonous Roses d'Ahmed Fawzi Saleh.
C'est l'histoire d'une soeur qui ferait tout pour son frère. le film parle de l'amour vif qu'elle lui porte et de la dépendance à la masculinité qui s'opère, souvent présente pour ces femmes musulmanes qui, comme Tahya, ont besoin d'un homme à leurs côtés afin de vivre paisiblement.
Les désirs de la protagoniste sont très poignants, montrés par des plans lents et sereins qui apportent à son personnage solennité et importante. Elle préfère voir son frère enfermé, que mort et libre. Tout au long du film, un doute plane sur ce que sera le choix de Saqr: décidera-t-il d'enfin quitter son village ou non? Le spectateur n'attend pas de réelle réponse à cette question. L'ambiance froide suggérée par le peu de sourires face caméra et les tons bleus de l'image indique toutefois que Saqr retentera probablement de fuir son village misérable et miteux.

C'est uen grande opportunité que nous offre Ahmed Fawzi Saleh de se balader dans ces rues d'Egypte méconnues des touristes. nous pouvons voir les machines, les différents processus de fabrication de produits (tel que la colle et le cuir) que nous achetons, et le savoir-faire de ces producteurs.
De beaux plans verticaux sur les lieux de travail de ces métiers peu connus sont présents. C'est un voyage extraordinaire pour le spectateur, qui survole une ruelle polluée et y voit passer ces différentes personnes dans leur quotidien.

Une dimension spirituelle est également présente dans le film, amenée par un personnage chamanique ainsi que par divers symboles qui ponctuent le récit. Par exemple, des pétales de roses dispersés sur une rivière représentent l'amour de Tahya pour son frère. Le titre Poisonous Roses fait ainsi référence à la fois à cette dépendance affective de sa part, ainsi qu'à l'enfermement que celle-ci crée pou Saqr.

Il s'agit d'un film intéressant et touchant par cet amour fraternel qui rappelle au spectateur l'affection que ce dernier porte à sa propre famille occidentale. Toutefois, le film n'est ni une revendication féministe, ni le portrait d'une situation banale mais stimulante. Par conséquent, le spectateur n'est pas poussé à sortir de sa zone de confort.

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