jeudi 28 janvier 2016

28 janvier 2016 | Critiques de Hervé Ossent

H. | Rania Attieh & Daniel Garcia
USA, Argentine | 2015 | 97'

Rania Attieh et Daniel Garcia, deux réalisateurs américains nous livrent un film catastrophe cauchemardesque, qui laisse une sensation d’avoir fait un mauvais songe. Une météorite rentre en collision avec la Terre provoquant une cascade d’évènements perturbants, qui n’ont, à première vue, aucun lien avec le genre catastrophe au cinéma. Le film est constitué de deux histoires qui se passent en parallèle, ayant comme lien une femme s’appelant Helen. La première que l’on voit à l’écran a l’âge de la retraite et passe son temps à s’occuper d’un faux bébé. Une scène du film montre cette Helen avec d’autres femmes de son âge ou plus jeunes qu’elle, réunies dans un salon, où chacune présente son nourrisson comme s’il était vivant.
Pendant cette scène absolument malsaine, je me suis demandé comment l’être humain pouvait-il être aussi dérangé pour en arriver là. La deuxième Helen a une trentaine d’année et est enceinte. Mais elle comprendra assez vite que quelque chose n’est pas normal dans sa grossesse. Petit à petit, des éléments perturbateurs vont s’incruster dans leur vie. 

J’ai trouvé cette vision d’une catastrophe très intéressante et originale, qui n’a rien à voir avec celles d’Hollywood dont le scénario a été vu et revu et où les effets spéciaux sont le point décisif pour l’avis du spectateur sur le film. Ici, les éléments catastrophiques ne font pas partie du registre des tempêtes de glace ou des monstres gigantesques qui écrasent des villes mais tout simplement de notre quotidien, ce qui les rend bien plus troublants et inquiétants; un cheval noir seul dans la rue, un verre qui explose subitement ou encore une grossesse fantôme: tous ces faits baignent dans une atmosphère glauque et malsaine où l’incompréhensible est la seule explication. Nous sommes pris dans une sorte d’engrenage où les péripéties toutes plus extraordinaires les unes que les autres nous maintiennent sous tension jusqu’à la dernière minute. 

J’ai beaucoup aimé cette folie qui règne dans ce métrage, cette atmosphère dérangeante ainsi que le jeu d’acteur. Mais j’ai trouvé que c’est un film (un peu trop) compliqué: tout semble n’avoir aucun sens et aucune signification, qui renforce le côté cauchemardesque du film, mais qui empêche une certaine compréhension du scénario, ce qui, par conséquent, m’a frustré. L’esthétisme du ce film m’a beaucoup fait penser au film « Réalité » de Quentin Dupieux, ainsi qu’à son histoire où l’on se demande si ce qui se passe a vraiment une signification. "H." fait partie de ces films qui sont des expériences cinématographiques, qui se regardent pour le plaisir de l’image et de l’originalité. Je conseille vivement ce film pour tous les amateurs de ce genre, qui sont à la recherche d’un film qui ne laisse pas indifférent et qui promet quelques nuits de réflexion.


Coming of Age | Teboho Edkins
Afrique du Sud | 2015 | 63'

"Coming of Age", de Toboho Edkins, fait partie des films documentaires qui m'ont déplu. Le réalisateur sud africain nous montre quatre adolescents, deux garçons qui sont frères et deux filles qui sont meilleures amies, qu'il a suivi pendant un certain temps dans la montagne-royaume du Lesotho. Ce film documentaire nous offre certes de somptueux paysages de montagnes, mais j'ai trouvé qu'il manquait profondément d'un scénario. Selon moi, Toboho Edkins filme sans vraiment d'intérêt un garçon âgé d'une douzaine d'années, qui s'occupe de son troupeau de moutons. Il en est de même pour les deux amies, filmées en train de discuter ou de s'amuser. On apprend qu'une des deux fillettes a de plutôt bons résultats à l'école et fait partie du top dix des meilleurs élèves de son école, qui peuvent choisir d'aller dans un collège en plaine. 

"Coming of age" est assez court (63min) et ne nous montre à aucun moment la suite du parcours scolaire de la petite fille, ainsi que l'histoire des autres personnes présentes dans le film. Il n'y a aucun entretien face caméra, si ce n'est deux plans (sauf erreur) où une veille dame (la cheffe du village) parle à la caméra sans la regarder. On s'imagine bien qu'elle répond à une question du réalisateur, mais on entend à aucun moment le réalisateur. Il y a quand même eu une scène que j'ai trouvé impressionnante et intéressante: le grand frère du petit berger passe une sorte de rite où vêtements extravagants et chants traditionnels se rencontrent. Un groupe d'hommes se mettent à chanter avec des voix extrêmement graves qui font penser aux chants des moines tibétains. J'ai déjà vu des films documentaires qui m'ont plu, car ils m'ont appris quelque chose. Dans "Coming of Age", on n'apprend rien sur les habitants du village, filmés durant leur routine. Le documentaire est mal construit; il devrait y avoir une interaction entre les protagonistes et le cinéaste et des commentaires du réalisateur en voix-off. Je me suis ennuyé durant la séance. C'est dommage car je suis persuadé que les habitants du Lesotho ont beaucoup de choses intéressantes à nous faire partager. 



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