Par Karin Diaper
Le père de Nafi
Au coeur d’un village, deux frères aux chemins de
vie différents se rencontrent pour un ultime duel de coq sur les différentes
interprétations qu’ils ont de l’islam, un récit révélant à plus grande échelle
à la fois la beauté d’une religion et le côté sombre de l’intégrisme qu’elle peut
amener. Ternio et Ousmane sont en rivalité dès leur plus jeune âge. En quête de
l’attention de leur père, ils seront réunis une fois adultes par le mariage de
leurs deux enfants respectifs.
Ternio est mis en avant dès les premières scènes, aussi bien par son
titre religieux qu’est celui d’imam que par sa position au sein du cadre,
celui-ci se trouvant constamment au centre de l’image. Le
retour d’Ousmane bascule néanmoins l’autorité de son frère et cela est très
bien illustré par les plongées sur ce dernier lorsqu’il affronte Ternio. Ce jeu
de caméra est constamment maintenu jusqu’à la victoire de Ternio, qui peut - en
tant que vainqueur - retourner au centre du cadre pour les dernières scènes de
cette fiction.
Le jeu d’acteur adéquat n’est malheureusement pas
acquis par tous. Mansour, qui joue un personnage douteux et sans cœur, ne sait
pas véhiculer l’atmosphère qui se veut détachée et froide de son personnage. Son absence
d’expressions faciales et sa gestuelle non fluide - qui normalement
aideraient son incarnation – font de lui un acteur qui semble ne pas savoir
quoi faire de son corps.
Malgré une volonté du film d’amener un propos
intéressant, l’approche assez stéréotypée d’un mariage forcé avantageux et d’un
clivage entre deux visions de l’islam amène un voile sur la véritable
complexité de la problématique et semble contre-productif dans une actualité
qui veut cesser de véhiculer des propos généralisants. Cependant, Le père de
Nafi permet d’envoyer un signal d’alarme face à l’intégrisme grandissant,
que ce soit dans un village lointain ou chez vous.
Karin Diaper
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