Festival Black Movie 2020 - Critique du film Buddha in Africa de Nicole Schafer
Par Mélodie Vila Montas
Buddha in Africa
Buddha in Africa est
un documentaire suédois et sud-africain de Nicole Schafer qui suit l’histoire
d’Enock, un jeune orphelin d’origine malawienne. Enock provient d’un village
rural relativement pauvre, dont la culture est montrée par le long-métrage
comme antagoniste aux valeurs bouddhistes amenées au Malawi par les chinois qui
s’y implantent.
Dès le début du film,
le spectateur est captivé par le jeu d’ombres visible à l’écran ainsi que le
rythme de la musique qui augmente, captant toute l’attention de l’audience sur
le documentaire. D’ailleurs, l’éclairage reste un aspect important durant tout
ce long-métrage : nous pouvons observer par exemple une forte intensité
lumineuse lorsque le maître bouddhiste ou des professeurs prennent la parole,
soulignant l’idée que la culture bouddhiste est en quelque sorte « le chemin à
suivre ». Ce chemin, le film le représente par l’histoire d’Enock (prénommé
« Alu » en chinois), ainsi que par le parcours d’autres enfants
africains qui vivent la même situation : apprendre une langue totalement
inconnue et s’adapter à de nouvelles coutumes liées à la nourriture, aux chants
traditionnels bouddhistes etc.
La musique qui
accompagne ces images est, selon moi, tout à fait pertinente. Et lorsqu’elle
est absente, par exemple lors d’une scène d’entraînement au combat armé des
élèves, le choix de ne pas avoir mis de musique est adéquat car les bruits que
les armes produisent ont un effet quelque part plus impressionnant sur le
spectateur que ne saurait l’amener un accompagnement musical.
Je trouve également la
composition des plans très significative : le maître/les enseignants sont
souvent représentés en hauteur ou debout, toujours en contraste avec les élèves
qui ont une position inférieure. Cela nous permet de comprendre l’importance du
respect envers les maîtres prônée par la culture bouddhiste. De plus, ce
documentaire nous expose l’aspect plus négatif de cet apprentissage culturel. Les
entraînements sont par exemple montrés comme intenses, difficiles et
contraignants pour les élèves. Le questionnement sur la peur des élèves quant à
la perte de leur culture et donc de leur identité est également souvent mis en
avant. Beaucoup se sentent exclus, car certains oublient leur langue maternelle
et se retrouvent loin de leurs familles durant de longues périodes. Ce dilemme
est bien illustré à la fin du documentaire, lorsque les étudiants doivent
choisir s’ils veulent partir à Taïwan - où un bon avenir leur est offert - ou s’ils
préfèrent rester auprès de leurs familles.
Finalement,
ce documentaire permet de nous montrer de belles images de partage entre
différentes sociétés en nous présentant aussi bien les aspects positifs que
négatifs des deux cultures. J’ai trouvé ce film intéressant et original, car ce
long-métrage permet de mettre en avant différents problèmes liés à
l’implantation de la culture chinoise au Malawi en ne prenant pas parti et en
laissant les diverses personnes impliquées s’exprimer. Je le trouve original
non seulement dans la manière qu’il a d’être filmé mais aussi car le sujet
traité est un thème jusqu’ici peu discuté et peu présent dans les médias.
Toutes ces raisons me poussent à dire que tout un chacun aimera ce
documentaire.
Mélodie Vila Montas
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