samedi 25 janvier 2020

Festival Black Movie 2020 - Critique du film Monos d'Alejandro Landes
Par Sacha Radeff

Monos

Huit adolescents, semblant passer du bon temps en camp de vacances dans les montagnes colombiennes, apparaissent en réalité faire partie d’un groupe armé, ayant pour tâche de cacher une otage américaine, prénommée “Doctora”.
Un portrait de jeunesse, d’amour et de violence, d’enfants à qui l’on impose la guerre et ses atrocités, et qui doivent donner du leur dans celle-ci. Le sujet, certes dur, est tout de même traité avec énormément d’humour et d’espoir, et l’image particulièrement soignée amène une certaine beauté à l’atrocité du récit, qu’il s’agisse des portraits des personnages ou de la façon dont est filmée la nature environnante. L’idée d’ajouter ensuite une vache au récit - qui paraît en soi déjà assez burlesque – et que la mort (involontaire) de celle-ci biaise toute la suite de la narration, amène tout un côté loufoque et hilarant. Ce décalage entre narration et réalité dépeinte nous déstabilise ainsi tout au long du film, mais le récit n’en est pas pour autant difficile à suivre, il est même assez simple d’y adhérer en tant que spectateur. En effet, le film traite également d’une absurdité bien plus concrète, celle du non-sens de la guerre présentée, auquel le récit ne donne aucune cause apparente.



La musique, de la techno souvent “saisissante”, nous immerge dans le délire quotidien de ces jeunes. Qu’il s’agisse de la scène du mariage entre deux d’entre eux ou de la fête d’anniversaire d’un protagoniste - qu’ils célèbrent en le frappant de 15 coups de ceinture en se roulant dans la boue - le récit du film est cru, dur, insensé, et pourtant l’audience y accrochera facilement. En plus de cet accompagnement sonore, l’image, particulièrement soignée et de ce fait plutôt esthétisante, nous fait voyager et expérimenter l’action à travers les yeux des différents jeunes.

Le corps humain est par ailleurs sublimé par la représentation qu’en fait Alejandro Landes et les relations qu’entretiennent les personnages principaux sont basées sur leurs contacts physiques. Qu’il s’agisse de scènes d’affection ou de violence, le corps des Monos – nom donné aux jeunes guerriers - est omniprésent et la caméra le met constamment en valeur.


Alors que vous soyez amateurs de cinéma, d'esthétisme plus ou moins convenable, ou encore d’aventures sans queue ni tête qui tiennent tout de même debout, ce film est fait pour vous !

Sacha Radeff

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