Par Sacha Radeff
Monos
Huit adolescents, semblant passer du bon temps
en camp de vacances dans les montagnes colombiennes, apparaissent en réalité
faire partie d’un groupe armé, ayant pour tâche de cacher une otage américaine,
prénommée “Doctora”.
Un portrait de jeunesse, d’amour et de
violence, d’enfants à qui l’on impose la guerre et ses atrocités, et qui
doivent donner du leur dans celle-ci. Le sujet, certes dur, est tout de même
traité avec énormément d’humour et d’espoir, et l’image particulièrement
soignée amène une certaine beauté à l’atrocité du récit, qu’il s’agisse des
portraits des personnages ou de la façon dont est filmée la nature environnante.
L’idée d’ajouter ensuite une vache au récit - qui paraît en soi déjà assez
burlesque – et que la mort (involontaire) de celle-ci biaise toute la suite de
la narration, amène tout un côté loufoque et hilarant. Ce décalage entre
narration et réalité dépeinte nous déstabilise ainsi tout au long du film, mais
le récit n’en est pas pour autant difficile à suivre, il est même assez simple
d’y adhérer en tant que spectateur. En effet, le film traite également d’une
absurdité bien plus concrète, celle du non-sens de la guerre présentée, auquel
le récit ne donne aucune cause apparente.
La musique, de la techno souvent
“saisissante”, nous immerge dans le délire quotidien de ces jeunes. Qu’il
s’agisse de la scène du mariage entre deux d’entre eux ou de la fête
d’anniversaire d’un protagoniste - qu’ils célèbrent en le frappant de 15 coups
de ceinture en se roulant dans la boue - le récit du film est cru, dur,
insensé, et pourtant l’audience y accrochera facilement. En plus de cet
accompagnement sonore, l’image, particulièrement soignée et de ce fait plutôt
esthétisante, nous fait voyager et expérimenter l’action à travers les yeux des
différents jeunes.
Le corps humain est par ailleurs sublimé par
la représentation qu’en fait Alejandro Landes et les relations qu’entretiennent
les personnages principaux sont basées sur leurs contacts physiques. Qu’il
s’agisse de scènes d’affection ou de violence, le corps des Monos – nom donné
aux jeunes guerriers - est omniprésent et la caméra le met constamment en
valeur.
Alors que vous soyez amateurs de cinéma,
d'esthétisme plus ou moins convenable, ou encore d’aventures sans queue ni tête
qui tiennent tout de même debout, ce film est fait pour vous !
Sacha Radeff
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