Critique par Milena Watzlawick
Sous le soleil chaud de Tunisie, nous rencontrons un huis-clos à ciel ouvert signé par Erige Sehiri. Son premier long-métrage léger nous dévoile le quotidien d’ouvrier·e·s paysan·ne·s travaillant dans des champs de figues. Au cœur d’une équipe bien soudée, les discussions sont parfois explosives et dénoncent les injustices qui ont lieu au sein des hiérarchies du monde du travail : les travailleur·euse·x·s sont exploité·e·x·s par le patron et le harcèlement sexuel est omniprésent pour les femmes présentes sur le terrain.
De branche en branche avec un joli bruit de feuilles en fond sonore, nous comprenons gentiment, tout au long d’une journée, les liens qui unissent ces personnes. Les générations se confrontent et s'aiment tout de même. Malgré des réactions différentes à ce qui se passe sous les figuiers : on travaille, on s’écoute, on se critique, on tombe amoureu·x·se, on crie, on chante, on pleure mais, quand même, on rit.
Le rapport entre le patron et les employé·e·x·s apporte une réalité concrète et brute sur les conditions de travail. Une révolution prolétaire à l'échelle d’une petite quinzaine de personne est à l’œuvre et, menée par une sororité unissant les femmes travailleuses, elle commence à se faire entendre. Parviendra-t-elle à couvrir le bruit des arbres ?