mercredi 31 janvier 2018

BM 18 - Compte-rendu autour du film Machines par Louise Cardinaux

Compte-rendu de la discussion autour du film Machines
Entre rouage de la société et individualité


Suite au visionnement de Machines, le jury des jeunes entame une discussion autour de la mise en avant des travailleurs d'usine dans le film et autour des facteurs menant à une condition de vie aussi précaire. On y parle de la durée des plans, de leur grossissement, des effets des interviews donnés, en bref, de la qualité de l'immersion dans leur quotidien. Mais il est aussi question de société: qui est réellement acteur dans notre société? Qui peut contrôler ses mécanismes? Quelle est, en tant que consommateur, notre marge de pouvoir dans le fonctionnement d'un système économique et social?

Prenons d'abord l'immersion dans l'usine indienne du film. Selon Victor, les plans étaient trop courts, la place à la réflexion trop peu présente. Selon Belinda, les plans étaient trop longs, les idées pas assez clairement énoncées. De plus, on avait l'impression, à cause des gros plans, d'être en huis-clos, d'être détaché du contexte, de ne pas voir la réalité d'ensemble de l'usine, relève Victor. Laissant de côté le cadrage, on peut relever le rythme et la structure du film comme étant très bien travaillés. Les interviews rythmaient le film et aidaient à comprendre le point de vue des travailleurs, argumente Belinda; et Louise de surenchérir que les scènes étaient parfaitement imbriquées les unes aux autres, et que le fil de l'histoire était clair et consistent. Tout le groupe est d'accord sur ces points. Que pensez-vous de la fin? demande Louise. Selon Victor et Laure, elle est trop courte, bien qu'ils y voient une belle symbolique. Voici la symbolique dont ils parlent: les ordures, en brûlant, dont les jaillissements sortent des portes des fours, dérangent. C'est le même cas que celui des ouvriers: on les met à brûler puis on étouffe leur plainte. Ce qui nous amène à nous poser la question suivante: qui est responsable de cette plainte? 


Ce sont les directeurs d'usine comme celui interviewé dans le film, dénonce Belinda. Ils sont dans leur confort et refuse de voir que leurs ouvriers souffrent, continue-t-elle. Puis Louise contredit: ils n'ont pas beaucoup d'influence sur le confort de leurs ouvriers. S'ils haussent les salaires, ils seront moins compétitifs sur le moyen-terme et auront moins à offrir par la suite. Leur comportement est dicté par l'environnement compétitif des industries, pas par leur égoïsme. Belinda de reprendre: il a quand même de quoi de se payer des lunettes, un smartphone, une chaise de bureau confortable! Il pourrait partager son salaire, être plus compréhensif! Louise pense le contraire: la marge de ce qu'il peut donner de plus sans décélérer la production est moindre. Partager le salaire des patrons n'est pas suffisant pour améliorer le niveau de vie des patrons. C'est nous qui sommes les principaux acteurs, finalement! C'est pour nous que les foulards sont faits! Laure donne l'analyse globale: nous ne sommes pas les seuls acteurs, et les patrons non plus! Il y a plusieurs acteurs: les ouvriers, les chefs d'usines, les !commanditaires! et les consommateurs. Si l'un d'entre eux ne joue plus le rôle dont ce type de système a besoin, alors le système s'effondre, c'est un effet domino. Chacun a un rôle. Louise acquiesce: c'est pour cela qu'il faut, si l'on a comme but d'améliorer la vie de ces gens qui ne sont pas un cas isolé, se rendre compte de notre influence, de notre pouvoir. Malgré l'approbation du groupe sur la prise de conscience possible de notre pouvoir, une question reste sur toutes les lèvres: comment faire pour instaurer, par la force des consommateurs convaincus, un nouveau système qui éviterait les défauts présentés dans le film? Est-ce réellement possible?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire