dimanche 31 janvier 2021

Festival Black Movie 2021

Critique du film The Death of Cinema and My Father Too, de Dani Rosenberg
Par Raphaël Cordonier


The Death of Cinema and My Father Too

“La mort du cinéma” sonne cyniquement dans cette période si particulière où l’industrie du film est aux abois et pendant laquelle le réalisateur israélien Dani Rosenberg a choisi de faire paraître son premier long-métrage, telle une incitation à la résistance.

A la frontière entre documentaire et film, l’histoire retrace les derniers mois de vie du père du réalisateur atteint du cancer. Assaf – personnage fictif, alter-ego de Dani Rosenberg – lutte coûte que coûte pour réaliser une fiction dans laquelle Tel-Aviv serait bombardée par l’Iran et où son père incarnerait le personnage principal. Avec la détérioration de l’état de son père, Assaf doit rapidement y renoncer et tente tant bien que mal d’apporter une nouvelle fin à son film avant sa mort, tout en faisant face aux critiques de son entourage, et particulièrement de sa femme qui lui reproche de délaisser complètement la proche naissance de leur enfant au profit des derniers instants de son père.

L’excellent montage en partie réalisé par Nili Feller, forte de 10 ans d’expérience dans le documentaire, alterne réalité et fiction avec divers types de prises (caméra, téléphone, caméscope amateur). Sa structure aura tendance parfois à perdre le spectateur dans une sorte de puzzle qu’on interprète comme un morcellement des souvenirs de son père. Quelques originalités artistiques, comme par exemple une sorte de making-of de la bande son en plein milieu de l’action, nous émerveillent et apportent un réel plus au film. Cependant, les longueurs peuvent avoir tendance à perdre le spectateur.

À travers la musique du film, dirigée par Yuval Semo, Dani Rosenberg a su transmettre une partie de sa propre culture, avec du Kletzmer, musique traditionnelle juive, mais aussi grâce à une reprise d’Arik Einstein, figure de la chanson israélienne, dans le générique de fin. Le tout en appuyant le côté tragique de la mort avec des moments très émouvants, la scène du bain de mer par exemple, où son père semble vivre ses derniers instants de bonheur au sein des flots.

Enfin, l’idée d’avoir lié le funeste destin de son père avec la ruine de son film donne un double sens au long-métrage, qui aura su laisser une trace dans nos têtes comme ultime récompense de cet effort de mémoire ; « tant que le cinéma existe mon père restera en vie » a-t-il confié à l’équipe de la Black TV lors de son interview.

Pari réussi !

Raphaël Cordonier


 

1 commentaire:

  1. Votre critique attise fortement notre curiosité. Comment pourrons nous faire pour voir ce très intéressant film ?

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