mercredi 25 janvier 2023

Les Damnés ne pleurent pas, de Fyzal Boulifa

Critique par Tess Stein

 



Les Damnés ne pleurent pas, fiction de Fyzal Boulifa, nous transporte au Maroc. On y rencontre Fatima, la quarantaine, qui s’occupe seule de son fils de 17 ans, Selim. La petite famille vagabonde de ville en ville sans moyens, cherchant sans cesse une stabilité de vie qu’elle ne trouvera jamais au cours du film. 

Après avoir couché avec un Français contre rémunération, Selim est engagé dans son Riad comme homme à tout faire. La relation fusionnelle qu’entretenaient jusque-là la mère et son fils se brise : des non-dits hantent la famille au sujet de la naissance de Selim et des bruits courent sur ce qui se passe dans le Riad. Fatima et Selim ressentent de la honte l’un·e envers l’autre et la communication ne se fait pas facilement, empêchée par l’incapacité des personnages à exprimer leurs émotions hors des carcans d’une société qui n’accepte ni l’homosexualité, ni le travail du sexe, ni la naissance d’un fils hors mariage. 

Le·a spectateur·ice·x est frustré·e·x : on aimerait qu’iels communiquent, on aimerait qu’iels échangent des émotions, on aimerait qu’iels se disent ce qui se passe dans leur tête à chacun·e·x, mais ça n’arrive jamais. Le film nous frustre et ne tranche pas pour nous : on assiste à une véritable course-poursuite relationnelle entre ces deux êtres qui se cherchent puis se fuient, s’aiment puis se détestent, le tout de façon désynchronisée et aléatoire. Il nous laisse au beau milieu de cette course infinie : sans véritable achèvement, on se retrouve face à une nouvelle esquive de Selim, comme si le film échappait à sa propre fin.



 

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