jeudi 23 janvier 2014

23/01 CRITIQUES DE TAINA GRISCOM


Por la Plumas

NETO VILLALOBOS

Après m’être endormie accompagnée par les images percutantes de White Shadow, je me réveille avec la fraîcheur de Por la Plumas. D’un réalisme à l’humour léger et bien placé, on découvre les inconvénients et les avantages de la vie d’un homme…avec un coq ! Expulsé de son logement, refusé dans le bus et presque mis à la porte de son travail, ce gardien s’entoure bientôt d’amis qui le soutiendront. Je me suis surprise, grâce à l’équilibre de la narration, à accepter ce personnage et ses drôles de travers.
« C’est ridicule, c’est un beau coq !...Et il vaut plus que vous. »

La composition attentive de l’image, certains plans particulièrement intéressants (lignes électriques) et les couleurs bien posées accentuent le travail sensible de Neto Villalobos, toujours dans un humour calme et délicieux. L’histoire s’insère dans un paysage et un quotidien du Costa Rica, qui aurait aussi bien pu être celui du Brésil. Je ressors pour une fois non pensive, mais avec un sourire aux lèvres.

Taïna Griscom, Collège Claparède



Nobody’s daughter Haewon

HONG SANGSOO

Après quelques minutes, quelques zooms, quelques bouteilles d’alcool de riz et une jeune étudiante en cinéma portant manteau, sac à dos et une relation secrète avec un professeur, je me rappelle férocement d’un film rencontré lors du festival de Locarno cet été, U ri Sunhi de Hong Sangsoo. Je pioche dans mon sac pour vérifier, bingo ! Même réalisateur. Il cachait bien son jeu ce film, avec sa lenteur de démarrage, des dialogues banals et un jeu d’acteur médiocre. Cela en vaut la peine. Sangsoo dénonce avec brio les fabulations (car il s’agit bien d’histoires d’amours exagérées, construites, parfois incohérentes et sourdes) des protagonistes. La jeune fille de Nobody’s daughter Haewon, Haewon est en quête d’identité, elle écoute, ravie, les douces paroles d’un homme. De fait chacun semble prêt à croire ce qu’on veut bien dire de lui, à condition que cela renforce l’espoir et la conviction d’être quelqu’un d’exceptionnel. Que cela soit dit par gentillesse, convoitise sexuelle ou affective, égocentrisme ou fierté plutôt que par générosité importe peu. On veut y croire. Critique acide du romantisme blafard et de la foi vaniteuse en l’individualisme. À ceux qui connaissent le maître un autre de ses films  est à l’affiche du festival : La vierge mis à nu par ses prétendants.

Taïna Griscom, Collège Claparède

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